Le reskilling : rendre les connaissances intrinsèques extrinsèques
Mettre toutes les chances du côté du collaborateur en matière d’apprentissage : on peut faire mieux
Imaginez-vous un département de production. Une grande partie du travail y est automatisée, mais pas mal de tâches sont encore effectuées par l’homme. Le chef d’équipe demande à l’un des individus présents de lui passer « la grande clé ». Toutefois, le travailleur ignore complètement ce dont il s’agit. Le chef d’équipe réagit alors en soupirant profondément « mais qu’est-ce qu’on apprend encore à l’école à ces gens de nos jours ? ».
Nous sommes précisément conditionnés pour mettre en route des machines plutôt que des personnes. Les appareils possèdent tous un manuel, contrairement aux humains. Après un recrutement, une promotion, un changement d’équipe ou de tâche, les gens devront continuer de se former. Cet apprentissage prend du temps et requiert la bonne approche. Mais si nous nous y attelons correctement, c’est déjà à moitié gagné.
Donner toutes leurs chances aux jeunes talents
Nous oublions si souvent ce qui peut relever de l’évidence, mais qui n’est pas aussi évident pour une nouvelle recrue. Nous oublions que l’expérience amène la routine, et qu’un nouveau membre au sein d’une équipe ne peut être directement familiarisé avec les tâches et le fonctionnement. Prenons l’exemple de la conduite d’une voiture : sur quelle pédale appuyer pour freiner ? Vous avez douté ? Pourtant, lorsqu’un enfant surgit devant votre voiture, vous n’hésitez pas. Se rendre compte que des automatismes ont été acquis constitue un grand pas dans la bonne direction si nous voulons laisser toutes leurs chances aux nouveaux collègues. Sans cette prise de conscience, le risque de jeter le bébé avec l’eau du bain est bien réel ; et au vu de la tension sur le marché de l’emploi, nous ne pouvons tout simplement (plus) nous le permettre. L’époque du principe « différent et mieux » est révolue. Ça ne doit pas forcément être un problème insurmontable, du moins si nous adaptons correctement notre approche. L’ancien collègue et la nouvelle recrue devront faire un pas l’un vers l’autre : le premier en jetant un regard neuf et conscient sur tout ce qui semblait évident, et le second en faisant les plus grands efforts possibles.
Avoir conscience de ses compétences, rotation arrière d’un quart de tour dans le cycle d’apprentissage
L’apprentissage est un phénomène cyclique qui évolue en plusieurs étapes : incompétent inconscient, incompétent conscient, compétent conscient et compétent inconscient. À cette dernière étape, un individu n’a plus conscience des connaissances et du savoir nécessaires pour exercer un emploi. Celui qui entend donner toutes ses chances à une nouvelle recrue devra faire une rotation arrière d’un quart de tour dans le cycle. Autrement dit, il devra à nouveau prendre conscience des compétences acquises au fil du temps. Car c’est en expliquant ces connaissances (techniques) que ces dernières peuvent ensuite être transmises. L’intégration d’un individu ne pourra réussir que si des évidences lui sont, dans un premier temps, désignées et puis mises en avant. Voilà comment amorcer un processus d’apprentissage dans les meilleures conditions : avec des attentes claires, dans un environnement d’apprentissage sûr et avec toutes les chances pour en saisir rapidement l’essence. Il s’agit de la meilleure base pour une intégration efficace dans une nouvelle fonction, une nouvelle équipe et un nouveau projet.
Le retour sur investissement ? Faire ressortir le meilleur d’un individu
C’est inévitable : on doit tous apprendre et évoluer sur la courbe d’apprentissage. Mais on ne peut pas forcer ce processus, car apprendre prend du temps. Les personnes qui ne bénéficient pas de ce temps auront plus peur de commettre des erreurs qu’envie d’apprendre. Et oui, il est vrai qu’un accueil chaleureux et humain demande un investissement. Mais le retour sur investissement en vaut la chandelle. Car tout le monde a du potentiel. Chaque personne en retirera de la joie ou du bien-être, un sentiment qui la tirera vers le haut. Et si le meilleur ne ressort pas, la culpabilité sera partagée. En revanche, lorsque le meilleur ressort, alors le plaisir est double.
Le moment idéal pour un accueil chaleureux
Qui, combien de temps, où, quand, comment… ? Vous souhaitez qu’une nouvelle recrue commence à exercer sa fonction dans les meilleures conditions ? Alors, il faut répondre à toutes ces questions en tenant compte de la réalité spécifique de l’organisation. Le formateur, mais aussi l’élève veulent connaître les attentes de l’autre, comment on compte les atteindre, le temps d’apprentissage nécessaire à cet effet, qui succédera à qui… La bonne nouvelle ? La pénurie de main-d’œuvre pourrait être l’occasion idéale d’accueillir une fois pour toutes les personnes comme il se doit, c’est-à-dire leur réserver un accueil chaleureux, d’humain à humain.
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